Conférence mondiale de l’UNESCO sur l’éducation au développement durable
Réunion des parties prenantes

 
UNESCO ESD YOUTH CONFERENCE
7 Nombre 2014・ Okayama, Japan

 


La présente Déclaration des jeunes a été adoptée à la Conférence des jeunes de l’UNESCO sur l’EDD organisée par l’UNESCO à Okayama (Japon) le 7 novembre 2014, afin de présenter la vision et l’engagement des jeunes et leurs recommandations pour faire avancer l’EDD au-delà de 2014, conformément au Programme d’action global de l’UNESCO pour l’EDD. Elle fait entendre la voix des 50 jeunes leaders de l’EDD, représentant eux-mêmes des milliers de jeunes du monde entier, qui ont participé à la conférence, et reprend aussi les contributions apportées par plus d’une centaine de jeunes lors des discussions tenues en ligne dans le cadre de la préparation de la réunion.


Une vision pour un avenir viable

Nous vous invitons, lorsque vous lirez la présente déclaration, à penser un instant à ceux qui vous sont chers : vos enfants, leurs enfants et ceux qui viendront à leur suite. Imaginez – comme nous l’avons fait – l’impact que les décisions que nous prenons aujourd’hui auront sur chacun d’entre eux. Réfléchissez – comme nous l’avons fait – à l’importance et à la valeur de cette déclaration des jeunes pour leurs vies, ainsi que pour les nôtres.

Notre déclaration se fait l’écho de la voix et de la vision de milliers de jeunes du monde entier que nous représentons avec force et qui ont contribué à cet appel mondial de multiples façons – depuis l’expérience d’un éducateur spécialiste de l’environnement de Madagascar jusqu’aux approches créatives d’un biomimétiste de Bahreïn, de l’autonomisation des jeunes autochtones en Thaïlande jusqu’à la conception de plates-formes de jeux novatrices en Moldova. Nos chemins sont différents, mais notre destination est la même. Nous venons d’horizons variés – représentant une riche diversité d’ethnies, de couleurs, de religions et de croyances – mais notre vision est unique. Nos voix n’en font qu’une.

Ensemble, nous défendons une société durable, résiliente et équitable dans laquelle chacun, où qu’il se trouve dans le monde, a la possibilité de prospérer. Nous croyons fermement que l’éducation en vue du développement durable (EDD) est un moyen fondamental de concrétiser cette vision. L’EDD constitue le mécanisme qui nous donnera les moyens de transformer en opportunités les défis critiques en matière de durabilité auxquels nous sommes confrontés. Elle doit être l’essence de l’éducation. Sans l’EDD, nous ne pouvons aller de l’avant.

Les jeunes jouent un rôle vital dans la définition de l’agenda pour l’EDD. Les conséquences de nos décisions et actions collectives façonneront notre réalité et notre avenir. Nous sommes déterminés à montrer la voie, mais nous ne pouvons le faire seuls, ni vous non plus. Ensemble, nous devons autonomiser et mobiliser les jeunes du monde entier ! Le document que voici présente nos recommandations stratégiques pour y parvenir, en faisant fond sur le Programme d’action global de l’UNESCO pour l’éducation en vue du développement durable.

Nous lançons un appel pressant à un engagement et une collaboration multipartites à l’appui de ces recommandations. Nous prenons acte et nous nous félicitons des efforts présents des pionniers qui nous ont conduits jusqu’ici. Beaucoup d’entre nous sommes déjà en chemin. Nous invitons ceux qui commencent tout juste à nous rejoindre.


Recommandations


1. PROMOTION DES POLITIQUES

a) Assurer la participation active des jeunes dans la planification, la mise en oeuvre et l’évaluation des politiques. La jeunesse devrait être reconnue comme un partenaire essentiel à tous les niveaux, dans tous les domaines et à toutes les étapes de la gouvernance de l’éducation. Ainsi, les jeunes seront à même de façonner des politiques conçues pour renforcer l’EDD.

b) Faire en sorte que les politiques fassent avancer l’EDD avec toute l’urgence requise et de manière holistique, juste et attentive à la question du genre. Les politiques devraient prendre en compte les multiples dimensions du développement durable et décider d’actions immédiates afin de réaliser le développement durable ici et maintenant.

c) Tous les parties concernées devraient allouer des ressources en vue de donner aux jeunes les moyens d’être des agents du changement pour l’EDD. Les gouvernements, les organisations de la société civile, les conseils de la jeunesse, les communautés et les entreprises devraient allouer des ressources financières, techniques et humaines pour permettre la mise en oeuvre des politiques de l’EDD et l’application des recommandations contenues dans la présente déclaration.

2. APPROCHES INSTITUTIONNELLES GLOBALES

a) Les établissements d’enseignement et les gouvernements devraient favoriser par leur soutien, leurs ressources et leur légitimité les processus de changement vers la durabilité menés par les jeunes. Cela implique de conjuguer les initiatives venues de la base et l’impulsion donnée au sommet. Des mécanisme de soutien aux initiatives en faveur de la durabilité menées par les jeunes devraient être mis en place, notamment en matière de financement dédié, d’intégration institutionnelle, d’espaces de travail, de mandats, de reconnaissance et de formation.

b) Renforcer la mise en oeuvre collective des initiatives en faveur de la durabilité. Les établissements d’enseignement devraient appuyer les efforts conjoints de leurs élèves et étudiants, de leur personnel et de la communauté locale. À cet effet, il convient de forger une vision et une identité communes et de mettre sur pied des lieux de rencontre, des projets et des programmes partagés par toutes les parties prenantes.

c) Reconnaître les jeunes comme des partenaires sur un pied d’égalité en vue d’accélérer la transformation opérationnelle des établissements d’enseignement dans le sens de la durabilité. Les établissements d’enseignement doivent pratiquer ce qu’ils enseignent, en produisant des impacts positifs sur l’environnement. En collaboration avec le personnel, les jeunes devraient devenir des agents du changement et des décideurs en matière de gestion de l’environnement, y compris pour les questions relatives à l’énergie, à l’alimentation, à l’eau, aux déchets, aux bâtiments et à la biodiversité dans l’enceinte de l’établissement.

3. LES ÉDUCATEURS ET LES FORMATEURS

a) Reconnaître que tous les citoyens ont les moyens et la responsabilité d’agir en tant que facilitateurs de l’EDD. Initier des milliards d’individus aux défis et aux opportunités de la durabilité exige une mobilisation des éducateurs et des formateurs au-delà du seul personnel des établissements d’enseignement traditionnels. Les jeunes, les spécialistes, les praticiens et les citoyens de tous les niveaux et de tous les secteurs doivent être mis à contribution en tant qu’éducateurs et formateurs de l’EDD.

b) Renforcer les capacités des jeunes comme formateurs et éducateurs de leurs pairs au service de l’EDD. Il faut donner aux jeunes les moyens d’éduquer une masse critique de leurs pairs, de leurs parents, de leurs amis et des membres de leur communauté dans le cadre de l’EDD. Les jeunes ont besoin à cet effet de l’attention et du soutien tout particuliers des formateurs professionnels et des établissements d’enseignement.

c) Améliorer la capacité des éducateurs et formateurs existants de donner aux jeunes les moyens de s’engager sur les questions d’EDD. Les enseignants, éducateurs et formateurs doivent s’initier aux méthodes, technologies et approches nouvelles de la pédagogie axée sur l’EDD. Il faut pour cela les appuyer par des mécanismes tels que formations et forums en ligne, trousses à outils, financements et réseaux d’apprentissage et de soutien entre pairs.


4. DES APPROCHES NOVATRICES DE L’APPRENTISSAGE POUR LA JEUNESSE

a) Les établissements d’enseignement et les gouvernements devraient encourager et soutenir les jeunes et les éducateurs afin qu’ils expérimentent des approches novatrices de l’apprentissage. L’EDD diffère de l’éducation traditionnelle. Elle nécessite donc que l’on expérimente des technologies alternatives, ainsi que des méthodes créatives et expérimentales afin de rompre avec les idées reçues et de trouver les meilleurs moyens d’éduquer les jeunes.

b) Suivre et évaluer ces approches de l’apprentissage afin d’en déterminer l’efficacité et l’efficience comme moyens de promouvoir l’EDD. Les établissements d’enseignement, les gouvernements et les éducateurs doivent mettre au point des indicateurs, des cadres et des procédures qui permettent d’évaluer l’éventail diversifié des expérimentations en matière d’EDD en vue d’identifier celles qui produisent des résultats dans différents contextes institutionnels et géographiques.

c) Reproduire l’impact des approches fructueuses de l’apprentissage dans différents contextes géographiques et institutionnels. Les approches fructueuse de l’apprentissage doivent être codifiées, hors de leur contexte particulier, pour être ensuite reproduites en tous lieux, diffusées à plus grande échelle et systématiquement intégrées dans les politiques plus générales. La mise en oeuvre des trois recommandations ci-dessus exige des moyens financiers dédiés, une reconnaissance ainsi qu’un soutien et une impulsion de haut niveau.

5. LES COMMUNAUTÉS LOCALES

a) Respecter le point de vue des jeunes dans les initiatives d’EDD menées par la communauté. Les organismes internationaux, les gouvernements et les organisations de la société civile devraient respecter le point de vue des jeunes au moment de mettre en oeuvre les initiatives d’EDD dans les communautés. Cela suppose que les jeunes soient associés à l’identification des problèmes rencontrés par la communauté dans le domaine de l’EDD, et à la formulation et à l’application de solutions à ces problèmes.

b) Soutenir les initiatives d’EDD menées par les jeunes dans les communautés locales. L’EDD offre une assise solide à la croissance économique des communautés locales et à la protection des écosystèmes. Pour exploiter ce potentiel, il faut former et guider les jeunes et parrainer leurs initiatives d’EDD, avec le concours des établissements d’enseignement, des entreprises, des organisations de la société civile et des gouvernements.

c) Encourager les jeunes à s’engager dans les situations de la vie réelle et à apprendre à travers elles. Les communautés locales devraient recueillir les fruits de l’EDD et être une source d’apprentissage et d’inspiration. Il convient à cet effet de promouvoir l’apprentissage par le service social, l’enseignement et la recherche transdisciplinaires, les laboratoires vivants, les centres d’apprentissage et l’enseignement en ligne.  


6. LES DÉFIS ET LES OPPORTUNITÉS DE LA DURABILITÉ

a) Permettre à tous les jeunes de comprendre et de considérer d’un oeil critique les complexités et les incertitudes des défis et opportunités en matière de durabilité. Pour entreprendre des actions efficaces dans le domaine de l’EDD, les jeunes doivent comprendre les systèmes et tendances socioculturels, économiques et technologiques interdépendants à l’origine des problèmes persistants qui font obstacle à la durabilité.

b) Donner aux jeunes les moyens de forger des visions d’un avenir plus viable. Il convient, par le dialogue et des mécanismes propres à faciliter les échanges, d’aider les jeunes apprenants à forger des visions audacieuses, radicales et ambitieuses d’un monde plus durable. Ces visions viendront inspirer et motiver les efforts menés par les jeunes en faveur de la durabilité.

c) Doter les élèves des compétences requises pour transformer leur vie personnelle, leur établissement d’enseignement, leur communauté et leur pays. Pour concrétiser leur vision de la durabilité, les jeunes doivent être dotés des connaissances, des compétences et des valeurs nécessaires pour se transformer eux-mêmes et pour transformer les systèmes non viables au sein de leur société. Les encouragements, les réactions et la reconnaissance des éducateurs, de leurs pairs et des établissements d’enseignement leurs sont indispensables pour renforcer leur confiance et leur motivation tout au long de leur chemin.

7. LES FEMMESET LES GROUPES MARGINALISÉS

a) Faire en sorte que les programmes d’études et les politiques de l’éducation orientent l’EDD de façon à accroître l’égalité et l’équité en faveur des groupes socialement marginalisés. Les groupes socialement marginalisés sont vulnérables et il est difficile de les faire bénéficier d’activités d’EDD, car ils sont l’objet de discriminations fondées entre autres sur le genre, l’âge, l’aptitude, la couleur, la religion, le revenu, l’origine géographique et l'orientation sexuelle.

b) Reconnaître l’intérêt pour l’EDD des valeurs, des expériences et des perspectives des jeunes issus des groupes socialement marginalisés. Les jeunes issus des groupes socialement marginalisés peuvent apporter des valeurs, des expériences et des perspectives uniques, pertinentes et intéressantes, propres à enrichir l’éducation des élèves privilégiés du groupe majoritaire. Leur partage nécessite un dialogue entre cultures, entre confessions et entre générations qui soit source de compréhension et d’acceptation mutuelles.

c) Créer des espaces d’apprentissages sûrs et accessibles pour les jeunes des groupes socialement marginalisés. Des conditions particulières sont nécessaires pour donner aux jeunes issus des groupes socialement marginalisés les moyens de participer aux activités d’EDD. Il faut, notamment, déconstruire les stéréotypes, offrir un soutien financier et faciliter les rencontres.

8. ENTREPRENEURIAT SOCIAL

a) Reconnaître l’importance de l’entrepreneuriat comme moyen de contribuer à la réalisation des objectifs de l’EDD. Les gouvernements et les établissements d’enseignement devraient reconnaître que l’entrepreneuriat social permet aux jeunes de s’initier à l’EDD dans un cadre informel, de créer des emplois, de lancer leurs propres activités d’EDD, et de produire des impacts positifs pour leur communauté locale.

b) Créer sur le plan des politiques et des financements, des conditions favorables pour de nouvelles jeunes entreprises (start-up) sociales. Pour exploiter la contribution potentielle de l’entrepreneuriat social à l’EDD, les gouvernements et les institutions financières doivent soutenir les jeunes entrepreneurs par des subventions, des abattements fiscaux, des bourses, des conseils et des programmes de mentorat.

c) Développer la capacité des jeunes de créer et gérer leurs propres entreprises sociales. Les établissements d’enseignement, les entreprises et les organismes de la société civile devraient développer les connaisances, la sensibilisation et les compétences des jeunes en matière d’entrepreneuriat. Cela nécessite notamment des cours spécifiques, un accompagnement par les pairs, des services de mentorat, des aides financières aux jeunes entreprises (start-up) et des espaces de bureau.

Mobiliser les jeunes et leur donner les moyens d’agir

Partout dans le monde, un nombre croissant de jeunes se mobilisent et jouent un rôle de leader pour faire progresser leur communauté et leur pays sur la voie de la durabilité. Dans ce processus, les jeunes ont conscience que créer un avenir viable nécessite une vision, un engagement et une action collectifs de la jeunesse du monde entier. S’autonomiser et se mobiliser les uns les autres est donc pour les jeunes une chance unique de mettre leurs connaissances, leur énergie et leur créativité au service de l’EDD.

Les jeunes leaders de l’EDD peuvent être des modèles et des sources d’inspiration encourageant d’autres jeunes qui partagent des préoccupations similaires dans leurs contextes locaux. L’accompagnement par les pairs, le partage des connaissances et des compétences, et la promotion de plates-formes ouvertes et sûres où chacun peut s’exprimer et agir au sein de sa communauté et au-delà sont des moyens d’y parvenir.

Une condition essentielle pour mobiliser les jeunes avec succès est de renforcer la confiance et de réduire les conflits. Stimuler le dialogue international et interculturel entre les jeunes favorise l’amitié, les échanges, la compréhension et la coopération entre les cultures et les générations, et entre les personnes ayant une vision du monde différente. Faire comprendre aux jeunes que la diversité est une chance contribue à faire progresser l’EDD aux niveaux local, national et mondial.

Les initiatives d’autonomisation des jeunes par les jeunes offrent à ceux-ci la possibilité de témoigner et de mobiliser les autres de manière audacieuse et créative. C’est dans ce cadre que les autres parties prenantes peuvent mettre à profit la créativité, la passion et le dévouement des jeunes et s’y associer. Ainsi, les initiatives des jeunes pour les jeunes pourront continuer de se multiplier, diffusant leur message et amplifiant leur impact.

Nous, jeunes du monde, nous engageons à assumer notre responsabilité d’autonomiser et mobiliser nos pairs. Nous sommes résolus à utiliser cette force motrice collective pour produire un impact positif maximal sur notre société et notre environnement. Investis de ce rôle d’agents du changement, nous sommes prêts à apporter notre contribution à la transformation du monde d’aujourd’hui pour un avenir plus viable.

 

(Office of the Direcotr- General for International Affairs)